C’est dans sa ville natale de Québec que Jean Simard a fait ses études classiques. Il a ensuite obtenu un diplôme de professeur de dessin de l’École des Beaux-Arts de Montréal. Il a d’ailleurs enseigné de nombreuses années à cette école devenue depuis un département de l’Université du Québec à Montréal. Avant de traduire les œuvres d’écrivains tels que Hugh MacLennan, Mordecai Richler et Northrop Frye, il a publié quatre romans, une pièce de théâtre, trois essais et un recueil de nouvelles. Il a collaboré à la revue Liberté et a été membre du comité de rédaction de la revue Les Écrits du Canada pendant quelque dix ans. Son intérêt pour le monde littéraire l’a amené à œuvrer entre autres comme membre du jury pour le Conseil des Arts du Canada ainsi que pour le Prix du Cercle du Livre de France. La société Saint-Jean Baptiste lui a décerné le prix Duvernay en 1963, et il a reçu le prix de traduction du Conseil des Arts en 1976 pour l’ensemble de ses œuvres traduites.

Jean Simard est décédé le 28 février dernier à l’âge de quatre-vingt-huit ans à la suite d’une longue maladie. Auteur de d’œuvres diverses – quatre romans, trois essais, un recueil de nouvelles et d’une pièce de théâtre – , il a été aussi le premier traducteur de Hugh MacLennan (Barometer Rising, The Watch that Ends the Night), de Mordecai Richler (The Apprenticeship of Duddy Kravitz, Son of a Small Hero et Jacob Two-Two Meets the Hooded Fang) et de Northrop Frye (The Educated Imagination). La plupart de ses traductions (une dizaine) datent d’avant la fondation de l’ATTLC en 1975.

Alors qu’il était l’hôte du Conseil des Arts à Stanley House au milieu des années 60, il avait reçu un groupe d’universitaires, d’auteurs et d’intellectuels désireux de fonder une association de traducteurs littéraires. Encore adolescente à cette époque, j’étais allée lui rendre visite dans cette belle maison de la Baie des Chaleurs et je me souviens encore qu’il m’avait dit que de tous les groupes qu’il avait reçus, c’était celui des traducteurs qu’il avait préféré : courtois, ouverts, sans prétention… Notre ami, le regretté Philip Stratford y était, ainsi que Patricia Claxton, notre première et dévouée présidente. Même s’il n’a jamais fait partie de l’exécutif de l’ATTLC, son nom figure cependant dans le premier procès-verbal (ce que j’ai découvert lors de la préparation de notre petite exposition à la Bibliothèque nationale à Ottawa à l’été 2000). Plus ou moins à l’écart, il n’en a pas moins suivi l’évolution de l’association, se réjouissant de certaines de ses initiatives et de ses progrès, se désolant de la politique exclusivement « bi-culturelle » du Conseil des arts, qui décourage les traducteurs et les éditeurs de s’aventurer hors des littératures du Canada. À la suite d’une grave opération au cours des années 90, il avait traduit pour égayer sa convalescence un roman de Bernard Malamud, un des écrivains américains qu’il préférait. Lorsqu’il m’en fit part, ce roman avait déjà été traduit et publié en France, chez Gallimard. C’est dire quand même à quel point ce recours à la traduction avait été pour lui une consolation, façon de se ressourcer dans le monde des lettres. Immense lecteur dans toutes les langues, il n’a jamais fait de différence entre son double métier d’écrivain et de traducteur; au contraire, l’un dépendait de l’autre…

Charlotte Melançon

Œuvres traduites

Original MOORE, Brian, The Doctor’s Wife, Toronto: McClelland &Stewart, 1976.
Traduction Le Fol Été de Sheila Redden, Montréal: C.L.F., 1986.

Original KROPP, Paul, Wilted.
Traduction Le Cave, Montréal: Fides, 1981.

Original KURELEK, William, A Northern Nativity, Montréal: Tundra, 1976.
Traduction Noëls nordiques, Montréal: Fides, 1979.

Original RICHLER, Mordecai, Jacob Two-Two Meets the Hooded Fang, Toronto: McClelland & Stewart, 1975.
Traduction Jacob Deux-Deux et le vampire masqué, Montréal: C.L.F., 1977.

Original RICHLER, Mordecai, The Apprenticeship of Duddy Kravitz, Toronto: McClelland & Stewart, 1969 (éd. poche).
Traduction Duddy Kravitz, Montréal: C.L.F., 1976.

Original RICHLER, Mordecai, Son of a Smaller Hero, Toronto: McClelland & Stewart, 1972 (éd. poche).
Traduction Mon Père, ce héros, Montréal: C.L.F., 1975.

Original WARWICK, Jack, The Long Journey: Literary Themes of French Canada, Toronto: University of Toronto Press, 1968.
Traduction L’Appel du Nord dans la littérature canadienne-française, Montréal: Hurtubise HMH, 1972.

Original FRYE, Northrop, The Educated Imagination, Toronto: CBC, 1963.
Traduction Pouvoirs de l’imagination, Montréal: Hurtubise HMH, 1969.

Original MacLENNAN, Hugh, The Watch That Ends the Night, Toronto: Macmillan.
Traduction Le Matin d’une longue nuit, Montréal: Hurtubise HMH, 1967.

Original MacLENNAN, Hugh, Barometer Rising, Toronto: McClelland & Stewart, 1967.
Traduction Le Temps tournera au beau, Montréal: Hurtubise HMH, 1966.

Original Catalogue du centenaire, Musée des Beaux-Arts de Montréal, 1960.
Traduction Catalogue du centenaire, Musée des Beaux-Arts de Montréal, 1960.